ENFIN LE VOILA Les bourgeons blancs, les
ENFIN LE VOILA
Les bourgeons blancs, les bourgeons roses,
Sur les buissons, les espaliers,
Vont se changer en fleurs écloses
Et les oiseaux, dans les halliers
Entre eux déjà parlent de roses
Les bourgeons verts, les bourgeons gris,
Reluisant de gomme et de sève
Recouvrent l'écorce qui crève
Le long des rameaux amoindris
Les bourgeons blancs, les bourgeons rouges
Sèment l'éveil universel,
Depuis les cours noires des bouges
Jusqu'au pur sommet sur lequel,
O neige éclatante, tu bouges ;
Bourgeons laiteux des marronniers,
Bourgeons de bronze des vieux chênes,
Bourgeons mauves des amandiers,
Bourgeons glauques des jeunes frênes,
Bourgeons cramoisis des pommiers,
Bourgeons d'ambre pâle du saule,
Leur frisson se propage et court,
A travers tout, vers le froid pôle,
Et grandissant avec le jour
Qui lentement sort de sa geôle,
Jette sur le bois, le pré,
Le mont, le val, les champs, les sables,
Son immense réseau tout prêt
A s'ouvrir en fleurs innombrables
Sur le monde transfiguré.
Auguste Angellier